Blind dates Richard Menant
PRESENTATION
« Blind dates » pourrait se traduire très librement par ‘rencontres fortuites’ mais on perdrait alors le sens du mot ‘blind’ (aveugle) particulièrement important au sens figuré pour un
photographe. « A date » est un rendez-vous qui donc ne pourrait être fortuit… Ce n’est pas facile la traduction… ou alors on pourrait aussi, comme le font tous les paresseux, adapter encore plus
librement et parler de « hasard objectif » ou de « hasard et nécessité » ce qui semble très ampoulé. On va garder « blind dates » et laisser les adorateurs du français s’en émouvoir.
« Blind dates » sont ces instants de rencontres fortuites mais très bien organisées par un deus ex machina qui accompagnerait avec bienveillance le photographe déambulateur. Des instants qui,
au-delà d’un dialogue de signes ou de sourds, permettent à des images curieuses d’être enregistrées; images qui pourraient passer pour les fruits du hasard objectif cher à de nombreux
photographes. Rien n’est jamais vraiment prévu dans mes déambulations, seule une petite connaissance du pays me fait subodorer que des humains risquent de se trouver sur mon chemin et qu’il
faudra une fois de plus faire confiance au vent qui me pousse et à la chance qui m’accompagne toujours en ces circonstances pour faire des images qui peuvent faire aller le quotidien au-delà de
l’anecdote.
Pourtant, on ne fréquente pas les camps de réfugiés birmans en Thaïlande, le parc Lénine à Hanoï le dimanche soir, les rues de Rangoon à la fin de l’après-midi, les villages perdus sur les rives
de l’Irawaddy, la léproserie de Quy Nhon ou les rues de Saïgon au petit matin sans une arrière-pensée. On se dit que dans tous ces lieux curieux, un hominidé a quelques chances d’en rencontrer un
autre et qu’ils auront des choses à se dire, à échanger. Et la plupart du temps cela arrive.
Avec un peu de chance on pourrait même peut-être faire une bonne photo….